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Notre intervention dans une conférence dans le cadre du dialogue inter-religieux :
La prière
La prière joue un rôle important dans la vie spirituelle : Prier, c’est parler à Dieu et le laisser nous parler, c’est vivre consciemment dans la présence de Dieu. C’est dans ce sens que l’apôtre Paul nous encourage à « prier sans cesse ». L’effet d’un tel état d’esprit est la paix du cœur que reçoit le croyant (selon Philippiens 4:7).
Dieu souhaite que l’homme prie par amour pour Lui. Cependant, même si le chrétien est encouragé à prier, il ne vit pas sous une loi qui l’y oblige. Selon la Bible, « là où est l’Esprit de Dieu, là est la liberté » (2 Corinthiens 3:17). La contrainte légale n’est pas un bon moyen pour développer une relation basée sur l’amour (agapé), ni avec Dieu, ni entre humains. Par ailleurs, la prière n’est pas considérée comme « une bonne œuvre » qui pourrait compenser des péchés ou œuvres mauvaises. (cf « la grâce seule »). La forme et le lieu de la prière ne sont pas déterminants pour être entendu par Dieu. Celui-ci regarde avant tout le cœur de ceux qui prient.
Les requêtes
Jésus nous encourage à prier en nous adressant à Dieu comme à « notre Père qui est aux cieux ». Dieu est bien disposé envers ses enfants spirituels comme un bon père humain est bien disposé envers ses enfants. Dieu entend les prières et il y répond selon sa volonté. Plus nous aimons Dieu, plus notre volonté est en accord avec la sienne et plus Dieu répond à nos prières, en nous donnant ce que nous souhaitons, comme le dit le psaume 37: « Fais tes délices du Seigneur, il te donnera ce que ton cœur demande ». Jésus nous encourage aussi à prier : « que sa volonté soit faite sur la terre ».
Selon la Bible, la nature est l’œuvre de Dieu ; elle a donc son importance et ne saurait être méprisée, comme le corps n’a pas à l’être lorsqu’il est comparé à l’âme. Le monde matériel avec la nature est un un don de Dieu à l’homme ; il est bon. Ainsi la conception biblique de la prière reconnaît toute la valeur des autres activités humaines, en particulier celle du travail manuel ou intellectuel (« ora et labora », Saint Benoît).
Louange et adoration
L’émerveillement à la vue d’un beau paysage ou d’un beau tableau peut-être un signe de santé mentale. De même l’émerveillement devant la création, la bonté, la justice et la sainteté de Dieu peut-être un signe de santé spirituelle, c’est un aspect important de la prière appelée « adoration » ou « louange ». L’adoration s’exprime de façons différentes selon notre créativité : Par des prières spontanées, des prières récitées, des poèmes, ou par des chants et des danses (Psaume 149:3). Dans le culte, l’adoration par le chant et la musique tient une place importante depuis la Réformation jusqu’à nos jours : Jean-Sébastien Bach et G.F. Haendel ont mis en musique une partie des évangiles et des prophètes.
Pour être parfait, l’émerveillement a besoin d’être partagé avec une personne de confiance, que cela soit l’expérience d’un beau paysage ou d’un grand match de football. Ne pas pouvoir partager son émerveillement peut être une souffrance. Ainsi, l’adoration ou la louange de Dieu est souvent enrichie quand elle est vécue en communauté lors des cultes. Toutefois elle peut aussi être vécue dans l’intimité ou l’isolement.
Puisqu’il existe une liberté de formes dans l’expression des prières et de l’adoration, le style de musique peut varier selon l’époque et la culture. L’état d’esprit doit rester le même, celui de l’enfant qui adore son Père céleste et qui lui soumet ses requêtes avec humilité.
Bibliographie
- « Prier 15 jours avec Luther », M. Arnold, Ed. Nouvelle Cité, Montrouge, France, 1998
- « Prière » O.Hallesby, Ed. G.M, La Côte-aux-Fées, Suisse, 1975
- « Démission de la raison » F. Schaeffer, Maison de la Bible, Tassin, France, 5e éd 1993
- « Réflexions sur les Psaumes » C.S. Lewis, Ed Raphaël, Suisse, 1999
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Débat inter-religieux, Thème : transmettre nos valeurs
Jeudi 08 Novembre 2007 Lunéville, salle ErckmannIntroduction
En représentant, Pierre Reversat et moi (Peter Strack), le Protestantisme, nous vous proposonsd'aborder ce thème « transmettre nos valeurs » en nous centrant sur deux valeurs qui pour nousfondent la pratique de la Foi Chrétienne : l’Amour et l’humilité.Je commencerai en évoquant la possibilité et la légitimé même de la transmission de nos valeurs, etje poursuivrai par le thème de l’Amour.Pierre parlera d’abord de la valeur de l’humilité, et ensuite de la question de sa transmission.
A. Possible et légitime ? (Remarques préalables)
Les vraies valeurs d'une personne ou d'une société se manifestent davantage dans sa vie pratiqueque dans son discours théorique. Pour rendre nos valeurs chrétiennes crédibles, nous avons besoind'une bonne pratique, en particulier d'une bonne pratique du pardon – dans ses deux aspects:pardon accordé à autrui, pardon reçu d'autrui - chaque fois que notre vie ne correspond pasconcrètement à notre enseignement.
Et même si notre vie et notre enseignement sont cohérents, nous ne pouvons pas nous attendre à ceque que nos valeurs soient toujours acceptées ou reçues par ceux à qui nous voudrions les transmettre. Car tout enseignement peut être reçu ou rejeté.
L'individu est donc libre, et la liberté est aussi une valeur importante pour nous. Chez les mennonites, cette liberté se manifeste par exemple par le fait que nous ne baptisons pas nos nourrissons, mais uniquement des personnes qui ont elles-mêmes décidé de se faire baptiser.
Dans une société libre comme la France, il est possible d'exprimer, de communiquer et d'enseignerses valeurs, il est possible de s'influencer mutuellement . Pour notre part, nous essayons decommuniquer nos valeurs et de les expliquer à ceux qui veulent bien les entendre.
L'apôtre Paul nous dit de ne pas avoir honte de nos valeurs :Romains 1:16 Je n’ai pas honte de l’Evangile : c’est une puissance de Dieu pour le salut dequiconque croit.
Saint Paul nous dit aussi comment recevoir les idées d'autrui:1 Thessaloniciens 5:21 Examinez toutes choses et retenez ce qui est bon ;Sur l'ensemble des valeurs que nous enseignons, il y en a 2 que nous considérons commeprimordiales :
B. L' Amour
Pour nous, l'amour est le principe le plus fondamental de l'univers parce que Dieu aime, parce que Dieu est amour, et en particulier Il aime sa création, tous les humains.
Le monde moderne athée croit :
- qu' « au commencement était l'énergie impersonnelle » (big bang) et que nous devons notreexistence aux plus forts qui ont mangé les plus faibles depuis des millions d'années.
Mais nous croyons
- qu' « au commencement était l'énergie personnelle (Dieu) » et que nous devons notre existenceà son amour et à sa créativité.
Avant le début de l'univers (que même les croyants peuvent choisir d'appeler le « big bang » ), Dieu existait déjà et il était déjà un Dieu d'amour.
Dieu était seul, il était amour, et Dieu n'était pas frustré parce qu'il lui aurait manqué un vis-à-vis pour exprimer son amour.
Car les chrétiens croient que dans le Dieu unique il existe une sorte de relation plurielle au sein de laquelle s'exprimait l 'amour avant même la création des humains. Avant que l'univers existe, Dieu le Père pouvait exprimer l'amour à Dieu le Fils, et vice versa. Cette pluralité dans le Dieu unique, qui est d'ailleurs exprimée dans les textes bibliques, est peut-êtredifficile à comprendre mais pour nous, elle est une nécessité puisque Dieu est amour.
Le souhait de Dieu à notre égard, c'est que nous répondions favorablement à son amour. Le but de Dieu n'est pas en premier lieu que nous lui obéissions. Si son but premier était de nous rendre obéissants à ses lois, il serait facile pour Dieu de nous faire très peur et très mal pour obtenir notre obéissance. Mais Dieu souhaite que nous répondions avec amour à son amour : cela ne peut se faire par la force et la violence.
L'amour ne s'impose pas. L'obéissance peut être imposée, mais non pas l'amour. L'amour se gagne !
Comment Dieu veut-il gagner notre amour ?
C'est par l'amour que Dieu veut gagner notre amour.
Dieu a manifesté son amour de différentes manières. La manifestation la plus forte est son incarnation en Jésus Christ.
Voilà ce que dit l'évangile de Jean à ce sujet:
Jean 3:16-17 Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.
Difficile de comprendre que Dieu vienne sur la terre ? C'est dans la nature de la grandeur d'avoir la capacité de s'abaisser. Petite illustration : Le grand physicien Einstein peut s'abaisser pour enseigner un petit enfant. Mais un petit enfant ne peut pas s'élever pour faire de la physique au niveau d'Einstein. De même, la grandeur de Dieu n'est pas incompatible avec sa venue sur terre !
L'amour de Dieu s'est donc manifesté, entres autres, par l'abaissement volontaire de Jésus Christ devenant homme. Jésus Christ était prêt à mourir une mort atroce à cause de nos fautes, à cause de mes fautes. C'est le Christ qui a porté les conséquences de nos péchés à notre place, parce qu'il nous aime et parce qu'il sait qu'il est trop difficile pour nous de porter toutes les conséquences de nos paroles et actes méchants.« Certes, ce sont nos souffrances qu'il a portées, c'est de nos douleurs qu'il s'est chargé. Et nous,nous l'avons considéré comme atteint d'une plaie; comme frappé par Dieu et humilié. Mais il était transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. »(Prophète Isaïe 53:4 :)
Cet amour est souvent pris comme modèle pour le comportement des chrétiens:« Quant à vous, maris, que chacun de vous aime sa femme comme le Christ a aimé l’Église : il adonné sa vie pour elle. » (Éphésiens 5:25)
Jésus était interrogé au sujet du commandement le plus important :« Jésus répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C’est là le commandement le plus grand et le plus important. Et il y en a un second qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi–même. Tout ce qu’enseignent la Loi et les prophètes est contenu dans ces deux commandements. » (Matthieu 22: 37-40)
Il s'ensuit que les personnes qui ont été gagnées par l'amour de Dieu ont vraiment envie d'essayer de respecter les 10 commandements. Notre souhait est donc que nos enfants, nos amis et tous les hommes et femmes soient saisis par l'amour de Dieu. Comment pouvons-nous être gagnés par l'amour de Dieu ? C’est ce que Pierre va esquisser en vous parlant de la valeur de l’humilité
Humilité
L’amour de Dieu nous a été offert avec humilité. L’humilité de Dieu envers l’homme appelle donc la réciprocité et permet une meilleure fraternité humaine. Une valeur a du prix. Elle peut concerner l’économie, mais du point de vue spirituel, elle a un lien avec l’éthique, une vertu à développer pour soi-même, et parce qu’elle a justement du prix à nos yeux, donc une utilité, pourquoi ne pas la proposer, et donc la transmettre ?
Cette valeur de l’humilité n’est bien évidemment pas spécifiquement Chrétienne, ou Protestante, mais il nous apparaît que le message et la vie du Christ nous incitent particulièrement à l’humilité. Et en ce qui concerne la Réforme Protestante, ses principes fondamentaux engendrent forcément une forte insistance sur l’humilité. Je parlerai d’abord de la valeur en tant que telle et ensuite de la question de sa transmission.
Le terme qui nous vient du latin peut signifier : « peu d’élévation ». Nous vient alors à l’esprit cette parole du Christ : Luc XIV, 11 : Car quiconque s'élève, sera abaissé ; et celui qui s'abaisse sera élevé. A cette parole de Sagesse, s’ajoute la vie-même de Jésus-Christ, qui selon l’Apôtre Paul, dans sa lettre aux Philippiens, II, 7. [mais] s'est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes; et ayant paru comme un simple homme, 8. il s'est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix.
Telle est la Foi des Chrétiens : Dieu s’est incarné, il est né d’une femme, la Vierge Marie, et il a vécu parmi les hommes, précisément au sein du Peuple élu. Semblable à tout être humain, hormis le péché, il aurait pu être glorifié par les siens, mais a préféré une autre voie : celle du sacrifice et de la mort honteuse. Les Chrétiens y trouvent donc une preuve évidente d’humilité, et indirectement, l’humilité de Dieu Lui-même.
Nous trouverions aussi un exemple d’humilité instituée par le Christ lorsqu’il a lavé les pieds des Apôtres. Cet exemple a tellement marqué l’Église Universelle que le lavement des pieds a longtemps figuré – au premier millénaire de l’ère Chrétienne – sur la liste des potentiels Sacrements.
L’humilité est sans doute la valeur la plus difficile à vivre, car elle implique, dans l’interprétation Chrétienne, la présence en chaque être humain du péché originel, c’est-à-dire la volonté de puissance. Le péché originel ne consiste pas à prendre un fruit interdit, mais à croire le serpent lorsqu’il dit : « vous serez comme des dieux ». C’est dans ce sens-là que l’humilité s’oppose à l’orgueil, en ce qu’il a de plus profond : l’illusion de la toute-puissance, l’idolâtrie de l’homme qui se prend pour un dieu. L’humilité est donc un réalisme pour le Chrétien : celui-ci doit combattre sans cesse en lui ses pulsions de toute-puissance. Il est aidé par la connaissance de la Sainte Écriture qui l’éclaire sur Dieu et sur lui-même, il est éclairé par l’exemple de Jésus-Christ mort pour les péchés de l’humanité.
Les Chrétiens de la Réforme, trouvent aussi particulièrement dans l’humilité une conséquence logique de la Théologie Protestante. La rupture entre Luther et Rome provient avant tout de la redécouverte de la Théologie de l’Apôtre Paul : Dieu nous a sauvé par pure Grâce, nous n’y sommes pour rien. De là découlera le Sola Gratia de la Réforme : le Chrétien ne peut pas gagner son ciel, il ne peut même pas participer à son Salut par de bonnes œuvres, tout lui a déjà été donné. A lui désormais, de vivre de cette Grâce et d’agir en conséquence. Cette étape s’appelle la sanctification, comprenons par là vivre en accord avec les principes prônés et vécus par Jésus-Christ, transmis par les Apôtres, et transmis ensuite par l’Église Universelle.
La Réforme Luthérienne rappelle aussi que si l’Église est Sainte, c’est parce ce qu’elle est guidée par le Saint-Esprit. Elle n’est pas Sainte par elle-même. De même chaque Chrétien est à la fois Saint et pécheur. Sanctifié car choisi par Dieu, mais pécheur car encore séparé de Dieu par sa nature, sa volonté, ses paroles et ses actes. De même, pour les Chrétiens de la Réforme, chaque Chrétien est prêtre devant Dieu, c’est pourquoi le ministère du Pasteur consiste en une fonction particulière dans l’Église, sans connotation sacrée que lui conférerait l’ordination. Sa vocation particulière ne le distingue pas devant Dieu par rapport aux autres Baptisés. Mais pouvons-nous transmettre cette valeur de l’humilité ?
Cette valeur nous a été transmise par la Sainte Écriture. Déjà bien présente dans la Première Alliance, notamment avec les Livres de Sagesse, tel le Livre des Proverbes, les Apôtres et leurs disciples nous ont laissé leur témoignage inspiré au sujet de la vie du Christ et de ce que cela implique pour nous, ce que nous appelons le Nouveau Testament (c’est-à-dire la Nouvelle Alliance). La transmission est donc passée par des textes. Mais un texte ne suffit pas. C’est l’exemple d’une valeur mise en pratique par ceux qui se revendiquent de ce texte qui donnera de la force à cette valeur.
Transmettre l’humilité, c’est montrer de l’humilité, et pour les Chrétiens, il ne s’agit pas d’une valeur simplement humaine, mais l’imitation même de Jésus-Christ. Nous pouvons comprendre transmettre par « faire passer ». Mais Faire passer quoi ? Une façon de vivre, influencée par la Foi, c’est-à-dire notre relation à Dieu. C’est donc une expérience, un comportement que nous pouvons transmettre comme exemple, sans forcément parler. Cette transmission peut être ainsi tout à fait involontaire. Dans l’Église Chrétienne, une valeur n’est pas transmise juste pour ce qu’elle est. A travers des discussions, par une étude Biblique ou une prédication, le Chrétien peut réfléchir et développer cette notion de l’humilité et comprendre en quoi elle est une valeur : Si Dieu Lui-même a agi avec humilité, pourquoi ne le ferais-je pas ? Si un Chrétien parle et agit avec humilité, peut-être suscitera-t-il des questions dans son entourage qui le portera à rechercher en lui non pas une vertu ou valeur purement humaine, mais la mise en pratique de la Foi Chrétienne.
Conclusion
En tant que Chrétiens nous sommes heureux que Dieu ne veuille pas simplement nous imposer l’obéissance, mais qu'il veuille gagner tous les hommes par Son Amour manifesté par sa grâce (=le pardon offert gratuitement ) . Il est pour nous très clair que la transmission de ces deux valeurs de l’Amour et de l’Humilité ne constitue pas une option. Nous cherchons avec l’aide de Dieu à les vivre et à témoigner ainsi de notre Foi.